L'occupation chinoise du Tibet

Publié le par lobsang sonam

Depuis l’occupation du Tibet par l’armée chinoise en 1950, la population a vécu une répression féroce.

 

Emprisonnés, exilés, affamés ou torturés, les Tibétains ont subi un véritable génocide culturel. Le dalaï-lama, exilé en Inde depuis 1959, continue à parcourir le monde pour que le Tibet ne soit pas une nation opprimée oubliée de tous.

 

Communément appelé le «toit du monde », le Tibet est aujourd’hui une région qui a reçu le statut de région autonome.

 

Mais sous cette appellation flatteuse, la population subit une sinisation par le biais de l’installation massive de Chinois à l’intérieur du Tibet ; rééducation des moines tibétains ; enseignement en langue chinoise toujours plus pressante.

 

Le Tibet avant l’occupation chinoise

Le Tibet se situe aux trois quarts à plus de 3 500 m d’altitude. Ce pays est entouré de hautes chaînes (Kunlun, Alpes du Sichuan, Pamir, Karakorum et surtout Himalaya).

 

Le Tibet constitue un État unifié à partir du VIIe s. Le roi Srong-btsan Sgam-po lui donne une organisation centralisée et fonde Lhassa, la capitale actuelle.

 

Des sectes lamaïques y sont créées après l’arrivée à Lhassa (1042) du bouddhiste indien Atisha.

 

En 1207, le pays se soumet aux Mongols.

 

Aux XVe-XVIe s, le bouddhisme tibétain est organisé sous l’autorité du dalaï-lama et du panchen-lama, seconde autorité religieuse du Tibet.

 

En 1751, les empereurs Qing établissent la domination de la Chine sur le pays. Les Tibétains chassent les Chinois en 1912 avec l’aide des Britanniques, mais le Tibet est à nouveau occupé par la République populaire de Chine en 1950.

 

L’occupation chinoise du Tibet

Le Tibet représente une région stratégique pour les Chinois. Indépendant depuis 1912, le Tibet n’a pu résister à l’invasion de l’armée populaire chinoise en 1950. Dès 1952, la collectivisation des terres agricoles s’accompagne de violences. Ce processus a pour conséquence la destruction de l’économie agricole traditionnelle.

 

Selon les opposants au régime de Pékin, 70 000 Tibétains seraient morts de faim entre 1959 et 1963, soit environ 3 % de la population totale.

 

Combien de Tibétains sont morts depuis l’occupation chinoise ? Difficile à dire car le pays a été fermé au reste du monde jusqu’en 1989.

Il est certain qu’une destruction systématique de la culture tibétaine est toujours poursuivie par les Chinois.

 

Le génocide culturel ne peut être nié pas plus que les horribles exactions commises contre la population.

 

La révolte de 1959

En 1959, le Tibet oriental, la région de Kham, se révolte. Une répression féroce est aussitôt mise en place : bombardements, absence de soins aux blessés, enterrements vivants et tortures.

 

Le 22 mars, la prise de Lhassa tourne en véritable bain de sang. Entre 2 000 et 10 000 Tibétains meurent.

 

Le dalaï-lama est contraint de fuir en Inde, accompagné de 20 000 compatriotes.

 

Des centaines de milliers de personnes sont envoyées dans des camps et d’après les estimations, seulement 20% en sont ressorties vivantes.

Les moines sont les premières victimes de ces exactions. Ils représentent l’élite intellectuelle et religieuse du pays. A ce titre, ils représentent donc une menace et sont systématiquement déportés dans des mines de charbon pour y travailler dans les pires conditions.

 

Dans son livre « Mon pays et mon peuple », le Dalaï-lama témoigne de la répression de 1959 :

 

« Des dizaines de milliers des nôtres ont été tués […]. Ils n’ont pas été seulement fusillés, ils ont été battus à mort, crucifiés, brûlés vifs, noyés, écorchés, enterrés vivants [….]. Ces meurtres ont été commis en public. La raison principale et fondamentale est qu’ils ne voulaient pas renoncer à leur religion. »

 

Un génocide culturel

Pendant la révolution culturelle chinoise (1966-1969), la politique chinoise à l’égard du Tibet se durcit.

La culture traditionnelle tibétaine est la cible principale. Les « gardes rouges » détruisent les autels voués à Bouddha, rasent les monuments d’une culture plus que millénaire. En 1969, sur 6 259 monastères, seuls 13 restent encore en fonctionnement.

 

Les autres monastères sont transformés en hangars, prisons, casernes ou simplement rasés. Le gouvernement central veut éradiquer le bouddhisme et toute la culture traditionnelle tibétaine.

 

Parallèlement, la population est soumise à un contrôle de la natalité qui se transforme en campagne de stérilisation forcée. Cette stérilisation forcée au-delà du premier enfant doit-il être considéré comme un but inavoué d’éradiquer le peuple tibétain ?

 

On peut se le demander dans la mesure où les autres minorités implantées au Tibet ne sont pas soumises au contrôle de natalité.

 

Les droits de l’Homme toujours violés

En 1969, une nouvelle révolte à Lhassa est encore réprimée dans le sang.

A partir de 1980, le régime chinois s’assouplie un peu et certains membres du parti communiste vont même jusqu’à admettre les erreurs de leur politique.

Mais, ces déclarations bien tardives n’empêchent nullement que les droits de l’homme soient toujours violés.

 

En 1984, le Tibet est rouvert au tourisme international ce qui signifie pour le gouvernement chinois que des observateurs de la politique chinoise peuvent s’y rendre.


Depuis, le tourisme s’est largement développé bien que le Tibet reste sous haute surveillance.

 

En 1989, alors que le dalaï-lama reçoit le prix Nobel de la paix, une révolte éclate. Cette rébellion réprimée dans le sang aboutit à l’instauration de la loi martiale, qui reste en vigueur jusqu’en 1990.

 

L’attribution en 1989 du prix Nobel de la Paix au 14e dalaï-lama provoque le mécontentement du gouvernement chinois. La situation se durcit à nouveau en 1995, notamment à propos du choix de la réincarnation du panchen-lama, deuxième personnage du bouddhisme tibétain.

Pékin et le dalaï-lama présentant chacun un enfant différent. Depuis 1996, la sinisation et la répression des autochtones s’intensifient.

 

Bilan de l’oppression chinoise

Si les exactions ne sont plus aussi systématiques qu’elles l’étaient jusqu’en 1960, le bilan global de l’occupation chinoise reste effrayant.
Il l’est d’autant plus que la communauté internationale ne semble pas s’en préoccuper. Le Tibet aurait-il été sacrifié au nom des intérêts financiers des puissances économiques occidentales ?

 

D’après le gouvernement tibétain exilé en Inde, 1,2 million de personnes, soit le quart de la population totale, aurait péri depuis 1950.

 

Ces chiffres sont-ils exagérés ? Il ne semble pas car la Commission internationale des juristes a qualifié dans un rapport de 1959 les massacres perpétrés au Tibet par les autorités chinoises de génocide.

 

Le Tibet, qui revendique avec légitimité son indépendance, vit depuis plus de 50 ans sous le joug d’une oppression sanglante.

 

Les plus optimistes argumentent d’un développement économique de cette région. Mais, est-il admissible que l’on puisse sacrifier une nation au nom d’intérêts économiques ou stratégiques ?

 

D’autant plus que ce soi-disant développement économique s’accompagne d’une destruction de l’environnement. Si personne ne réagit rapidement, le Tibet pourrait bien devenir une immense décharge chinoise avec notamment le stockage de déchets radioactifs et de nombreux essais nucléaires.

 

Soulignons également le fait que la population ne bénéficie nullement du développement économique de la Chine puisque le Tibet est aujourd’hui la région qui connaît le plus bas niveau de vie.

 

La faune sauvage n’est malheureusement pas épargnée avec une déforestation massive, une surexploitation des ressources minières qui entraînent la disparition des espèces : félins, hyènes, buffles sauvages …

Publié dans Histoire du Tibet

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