Milarépa

Publié le par lobsang sonam

Son nom «Celui qui est vêtu de coton » lui fut donné par ceux qui vinrent lui rendre visite dans l'un de ses ermitages proches des cimes enneigées de l'Himalaya, s'étonnaient qu'il ne portât presque aucun vêtement.

 

La vie de Milarepa nous est connue par son disciple et biographe Rétchungpa, qui lui demanda de raconter sa vie, alors qu'il était déjà vieux. Cette Vie de Milarepa est donc une autobiographie.

 

Une autre, fort bien informée, fut rédigée au XV° siècle par Tsang Nyeun Heruka, le «yogi fou» de Tsang, disciple lointain et imitateur de Milarepa, qui s'identifiait avec Rétchungpa.

 

À la mort de son père, Milarepa fut dépouillé par ses proches parents de tous ses biens. Exhorté par sa mère a la vengeance, il s'adonna à la sorcellerie et parvint à exterminer ses ennemis. Puis, pris d'horreur pour le crime qu'il avait commis, Milarepa se mit en quête d'un maître. Celui-ci, Marpa (1012-1096), traducteur des textes sacrés qu'il était allé chercher en Inde, et disciple de Nâropa (1016-1100), le soumit à d'épouvantables épreuves, afin de le purifier.

 

Milarepa rentra alors dans son pays, et trouva, dans sa maison en ruine, les ossements blanchis de sa mère, tandis que sa sœur était devenue mendiante.

 

Obéissant aux ordres de son maître, il partit vivre en ermite près des cimes himalayennes, dans le plus complet dénuement, faisant le vœu de ne plus redescendre tant qu'il n'aurait pas obtenu l'Éveil. C'est alors qu'il prit le nom de Milarepa, qui signifie «vêtu de coton». Son extraordinaire ascétisme, ses pouvoirs miraculeux et ses poèmes inspirés attirèrent près de lui, bien qu'il ne fût pas même moine, de nombreux disciples, dont Gampopa (1079-1153), fondateur de l'ordre monastique des Kagyupa.

 

Grâce à Milarepa, le bouddhisme s'implanta définitivement au Tibet, où l'ascète poète est encore considéré comme le plus parfait exemple de réalisation spirituelle.

 

Le « Gurbum »

 

Les Cent Mille Chants (Gurbum) sont des improvisations poétiques de Milarepa sur les étapes de sa vie spirituelle, qui furent recueillies par ses disciples.

 

Ils sont considérés comme des textes sacrés, presque à l'égal des sutra bouddhiques. Ils adoptent la forme classique du gur, chant à refrain qui obéit à des règles précises.

 

De nombreuses versions orales et écrites en circulaient, quand elles furent rassemblées et codifiées par Tsang Nyeun Heruka (1452-1507)

 

La plupart de ces chants sont de ferventes actions de grâce de Milarepa envers son gourou, Marpa, auquel, il doit d'être devenu ce qu'il est. De lui-même, ce poète trace ce portrait :

 

« Je suis un yogi qui chante d'allégresse

Et ne souhaite pas d'autre joie.

Vieil homme solitaire et nu,

Un hymne jaillit de mes lèvres,

La Nature est pour moi un livre.

Le bâton ferré à la main, je traverse l'Océan mouvant de la vie.

Maître de l'Esprit et de la Lumière. »

 

Si Milarepa rejette les pratiques magiques de l'ancienne religion indigène Bön, qui l'ont poussées lui-même jusqu'au crime. Il écarte aussi la dévotion à l'égard des Écritures bouddhiques. Seule compte pour lui, la dure ascèse personnelle qui a pour objet ; l'Éveil, la découverte en soi de la véritable identité de l'Être.

 

Il exprime la lente progression du renonçant soumis encore aux forcés maléfiques qu’il transmuera peu à peu en énergies positives, jusqu'à la victoire finale, qui lui vaudra des fils spirituels désireux de suivre sous sa direction, la même voie que lui.

 

Tel fut l’ultime message de Milarepa a son fils bien aime Retchungpa qui n’avait pu l’assister dans son agonie. Déjà mort, sur son bûcher, Milarepa se releva au milieu des flammes pour lui adresser ce dernier chant :

 

 

Ô Rétchungpa, fils de mon cœur

Écoute mes dernières instructions

Dans l'océan de la transmigration des trois mondes, Le corps illusoire, voilà le grand fautif

Tant que l'on se préoccupe de la nourriture et du vêtement,

Il ne saurait y avoir de renoncement au monde.

Renonce au monde, Rétchungpa !

Dans la cité du corps irréel,

L'esprit immatériel, voilà le grand fautif Soumis à la chair et au sang de son corps,

Il ne trouve pas le temps de réaliser l'absolue vérité. Discerne la véritable nature de ton esprit, ô Rétchungpa !

Aux confins de l'esprit et de la matière,

La connaissance qui s'engendre elle-même, voilà la coupable;

Passant sans cesse d'une impression à une autre, Elle n'a pas le temps de se rendre compte qu'elles n'ont aucune origine propre.

Tiens-toi fermement au sol de la non-objectivité, Rétchungpa !

Dans la dépendance de cette vie-ci et de l'autre,

La conscience désincarnée dans le bardo, voilà la fautive;

Elle laisse passer le moment de voir la réalité telle qu'elle est.

Demeure en cette réalité, ô Rétchungpa !»

 

 

 

 

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