L'école Gelugpa et les Dalaï-lamas

Publié le par lobsang sonam

 Bien qu'il n'ait été fondé qu'au début du XV° siècle, le quatrième des grands ordres monastiques tibétains plonge ses racines dans le lointain passé. II devint prédominant grâce à l'institution des dalaï-lamas. Il est devenu le plus puissant des ordres monastiques Tibétains.

 

En 1054, Atîsha (982-1054), illustre moine lettré indien mourut au Tibet. Il était professeur à l'université monastique de Vikramashîla, l'un des principaux centres du tantrisme. Atîsha avait été appelé au Tibet douze ans plus tôt et son enseignement avait eu une influence considérable sur l'évolution du bouddhisme tibétain.

 

Soucieux d'empêcher toute déformation de la doctrine, il avait fondé l'école Kadampa (de «l'enseignement oral »), dont, après sa mort, la direction échut à son principal disciple tibétain, Dromteun (1003-1064). Demeurée longtemps autonome, celle-ci fut finalement absorbée dans l'école Guélougpa qui était née de sa réforme.

 

Lama Tsongkhapa (1357-1419)


Né en Amdo, au nord-est du Tibet, dans une famille pieuse, Lobsang Drugpa, appelé Tsongkhapa du nom de sa région d'origine, reçut dès l'âge de trois ans les vœux des laïcs du quatrième Karmapa, Reulpaï Dordjé, de passage dans la région.

 

Se rendant par la suite au Tibet central, Tsongkhapa y étudia auprès des maîtres des différentes disciplines, notamment Sakyapa et Kadampa, et se fit bientôt remarquer par sa stricte observance des vœux monastiques, son érudition et sa maîtrise des exercices spirituels, dont ceux désignés comme les «Six Yoga de Nâropa».

 

Disciple attentif des grands philosophes du Mahayana, Nagarjuna et Asanga, mettant à profit les enseignements oraux qu''il avait reçu, Tsongkhapa composa une oeuvre considérable - en dix-huit volumes -, dans laquelle il redéfinit la voie spirituelle comme étant graduelle (lam rim), fondée sur la vie monastique, des pratiques et une discipline rigoureuses et épurées.

 

Ses ouvrages sont demeurés jusqu'à aujourd'hui des classiques, en particulier la Grande Exposition des Étapes de la Voie, et l'Ode aux Réalisations, qui les résume.

 

À quarante ans, alors qu'il était déjà un maître renommé qui avait de nombreux disciples, Tsongkhapa entra au monastère Kadampa de Rasgreng. Respecté des autres maîtres, Tsongkhapa devint extrêmement populaire en créant en 1409 Meulam Tchenmo, la «Grande Prière», célébration solennelle du Nouvel An tibétain, dans le vénérable temple national Jokhang à Lhassa.

Célébrée sans interruption jusqu'en 1959, la « Grande Prière» rassemblait chaque année les foules tibétaines, pour trois semaines de cérémonies, de prières et de réjouissances.

 

Avec les nombreux moines qu''il avait ordonné, Tsongkhapa créa, non loin de Lhassa, son propre monastère, Ganden, en 1409, puis, dans le voisinage immédiat de Lhassa, ceux de Drepung (1416) et de Sera 1419).

 

Sa lignée devint un ordre qui s'appela d'abord les Nouveaux Kadampa, puis Gadenpa, du nom de son monastère principal, enfin Guélougpa, les «Vertueux».

 

Les dalaï-lama

Contrairement à ce que l'on croit souvent, le dalaï-lama n'est pas que le chef des Guélougpa. S'il appartient bien à cette lignée, le dalaï-lama est le chef spirituel de tous les Tibétains.

 

Lorsque se posa le problème de la succession, les Guélougpa suivirent le modèle des Karmapa.

 

Le troisième successeur de Tsongkhapa fut son neveu, Guendun Drub 1391-1475), fondateur du monastère de Tashilhumpo, près de Chigatsé. Sous sa conduite, Drepung abrita jusqu'à 1500 moines et l'ordre Guélougpa devint le plus important du Tibet.

 

À la mort de Guendun Drub, son successeur désigné fut son propre fils posthume, considéré comme sa réincarnation, Guendun Gyatso (1475-1542). Toutefois, ce n'est qu'en 1577 que le titre de dalaï-lama (du mongol ta le « Océan de Sagesse ») fut conféré au troisième chef des Guélougpa, Seunam Gyatso (1543-1588), par le prince mongol Altan Khan, qui, converti avec son peuple, devint le fidèle disciple et le protecteur des Gelugpa.

 

Les deux prédécesseurs de Seunam Gyatso, Guendun Drub et Guendun Gyatso, devinrent alors rétrospectivement le premier et le deuxième dalaï-lama. Fort opportunément, après la disparition en 1588 du troisième dalaï-lama, on découvrit sa réincarnation dans la famille d'Altan Khan, mort en 1585, Yunten Gyatso (1589-1617).

 

Le «Grand Cinquième»


L'institution ne prit toute son importance qu'avec la forte personnalité du «Grand Cinquième», Lobsang Gyatso (1617-1682), homme d'une rare intelligence et d'une grande énergie. En 1642, au monastère de Tashilhumpo, le cinquième dalaï-lama fut investi par Gushri Khan, qui se prétendait «roi du Tibet», de l'autorité suprême, civile comme religieuse, sur tout le pays.

 

En reconnaissance de sa fidélité, Lobsang Gyatso conféra à l'abbé de Tashilhumpo le titre de panchen-lama. Les panchen-lamas furent reconnus comme des manifestations sous forme humaine du Bouddha Amitabha.

 

Si jusqu'alors les dalaï-lamas n'étaient considérés que comme la réincarnation de leur prédécesseur, on les tint dorénavant pour des manifestations terrestres de la compassion infinie du bodhisattva Avalokitésvara, le protecteur du Tibet sous le nom de Chenresig.

Publié dans Histoire du bouddhisme

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