L'expansion pacifique du bouddhisme

Publié le par lobsang sonam

 

 

 

Ni religion ni philosophie, l'enseignement du Bouddha Sâkyamuni offre un remède au «mal-être» (duhkha) des hommes. C’est une méthode de délivrance accessible à tous II entend guider chacun vers la compréhension de la Réalité ultime.

 

Bien que le bouddhisme ne soit pas animé d'un esprit de propagande, ses moines errants avaient reçu comme instruction du Bouddha lui-même :

 

«Allez, ô moines ! Et voyagez pour le bien et le bonheur d'autrui, par compassion pour le monde, pour le bien-être des dieux et des hommes... Enseignez la Doctrine... proclamez la vie sainte et pure. II existe des êtres, naturellement sans passions, qui languissent de n'avoir pas entendu la Doctrine ; ceux-là la comprendront.» Une méthode de délivrance accessible à tous

 

Pourtant, aussitôt après son Éveil, le Bouddha avait douté de la possibilité d'enseigner la Doctrine :

 

«II me vint à l'esprit: le Dharma que j'ai découvert est profond, difficile à comprendre, au-delà du raisonnement, subtil, accessible seulement aux sages. L'humanité qui vit dans l'agitation du monde, est emportée dans cette agitation et s'y complaît. »

 

Cependant, l'enseignement qu'il prodigua pendant quarante-cinq ans dans le bassin du Gange, s'adressant à tous, sans distinction de caste ni de sexe, séduisit des foules entières, grâce à sa tolérance, à son ouverture et à l'affirmation maintes fois répétée que rien ne pouvait prévaloir sur l'expérience personnelle. Outre les dix grands disciples, son entourage immédiat, le Bouddha eut des centaines et probablement des milliers de disciples, appartenant à toutes les catégories sociales, des rois aux prostituées.

 

Après sa mort, ses disciples, réunis à Râjagriha (477 av. J.-C.), entreprirent de codifier l'enseignement reçu:

 

les sutras, paroles du Bouddha. Le «Sutra Pitaka» rassemble tous les sutras ou sermons prononcés par le Bouddha, autrement dit l'enseignement fondamental.

 

 

le vinaya, règle monastique. Le «Vinaya Pitaka» contient les règles de la discipline (vinaya) qui régit la vie des moines et des nonnes.

 

l'abhidharma, élaboration de la doctrine. L'«Abhidharma» (Doctrine suprême) postérieur aux deux premières sections, contient la philosophie et la psychologie bouddhiques, présentées de manière systématique et accompagnées d'importants commentaires.

 

 

Au II° concile de Vaísali (vers 370 av. J.-C.) commença à se manifester, contre les «Anciens » (Therâ), un courant qui voulait rendre plus accessible la condition de saint (arrhât) et qui prit par la suite une importance croissante.

 

Les missions de l'empereur Ashoka

 

Ayant adhéré au bouddhisme, Ashoka (264 - 226 av. J.-C.), dont l'empire s'étendait du plateau iranien au nord du Dekkan, voulut inaugurer le «gouvernement du Dharma » en améliorant les conditions de vie de ses sujets et en faisant régner la non-violence. Il réunit un concile à Pataliputra, où fut décidé l'envoi de missions: au sud, vers la Birmanie, au nord, vers l'Himalaya, à l'ouest, vers l'Iran, l'Asie centrale et le « pays des Grecs» (Sogdiane et Bactriane).

 

La plus importante de ces missions, dirigée par le fils d'Ashoka, le moine Mahinda, débarqua au Sri Lanka vers 250 av. J.-C. Peu après, la sœur de Mahinda y apporta une bouture de l'Arbre de la Bodhi sous lequel Sâkyamuni avait atteint l'Éveil à Bodh-gayâ. Encore vivant, ce Ficus religiosa est l'objet d'une grande vénération. Le roi de Sri Lanka converti fit élever dans sa capitale, Anurâdhapura, un grand monastère, le Mahâvihâra, centre du Theravada, d'où le bouddhisme se répandit jusqu'en Asie du sud-est.

 

Au II° siècle av. J.-C, sous le roi Kanishka, un nouvel élan missionnaire implanta le bouddhisme au Cachemire et au Turkestan, dans les oasis du Tarim, sur Ie trajet de la route de la soie. Là, furent fondé d'importants monastères, foyers de diffusion d'une civilisation bouddhiste poly ethnique, qui ne disparut qu'au  XI°siècle de notre ère.

 

L'école des Anciens, ou « Theravada »

 

Le Theravada appartient à l'une des deux branches du bouddhisme, qui commencèrent se distinguer dès le IV° siècle av. J.-C., mais ne se séparèrent qu'au siècle de notre ère : L’Hinayana, ou « Petit Véhicule », et le Mahayana ou « Grand Véhicule ».

 

Hinayana et Theravada se sont pratiquement confondus. L'école de Anciens se prétend seule détentrice fidèle des enseignements du Bouddha. Pour elle, Ia Délivrance ne saurait être obtenue qu'en menant une vie monastique et en observant des règles très strictes de moralité. Comme d'ailleurs le Mahayana, le Hinayana insiste particulièrement sur le caractère illusoire du moi qui n'est que l'agrégat provisoire des 5 skanda. De râpa, la forme en tant qu'existence séparée, naissent les sensations (vedanâ), qui devenues actives, perceptions (samjnâ), déterminent les conceptions (samskâra); enfin apparaît la conscience (vijnâna), qui, au lieu de percevoir la réalité telle qu'elle est, projette, comme un écran entre elle et l'objet, sa propre image. Le processus de libération, qui aboutira à la cessation de la douleur est nécessairement long et complexe; il passe par des techniques subtiles d'entraînement psychique et d'introspection (vipassanâ) ainsi que par une discipline morale qui permettent d'atteindre l'état d'arrhât, lequel, « ayant épuisé le flux impur, fait ce qu'il avait à faire et ayant déposé son fardeau», parvient à l'extinction définitive et complète, le nirvâna.

 

Le bouddhisme du Sud

 

Le Hinayana ou Theravada se diffusa principalement dans le sud-est de l'Asie. Au Sri Lanka, il est demeuré très puissant jusqu'à nos jours. Peut-être introduit en Birmanie du temps d'Ashoka, il y fut réformé à plusieurs reprises, la suprématie du bouddhisme cinghalais étant reconnue. Aujourd'hui encore, la Birmanie est considérée comme une citadelle du bouddhisme.

 

La Thaïlande, quant à elle, connaissait depuis longtemps déjà le bouddhisme, quand, au XIV° siècle, l'un de ses rois le fit réformer par des moines venus de Sri Lanka. Ce furent, en revanche, des moines thaïs qui, au XVIII° siècle, réformèrent à leur tour le bouddhisme cinghalais tombé en décadence.

 

Au Laos, le bouddhisme, introduit avant le VII°siècle fut rénové par des moines venus de Thaïlande.

 

Au Cambodge enfin, le bouddhisme connut son âge d'or aux XI° et XIII° siècles, comme en témoignent les magnifiques temples d'Angkor.

 

Le bouddhisme avait aussi pénétré en Malaisie et jusque dans la lointaine Indonésie, où au IX° siècle, fut édifié le plus grand de tous les monuments bouddhistes, le stupa (structure pyramidale dans laquelle sont enfermées des reliques) de Borobudur dans l'île de java.

 

L’expansion bouddhiste vers le Nord.

 

Plus tardive, la diffusion du bouddhisme dans les pays situés au nord de l'Inde se fit sous la forme du Mahayana. De Chine, le bouddhisme émigra en Corée au IV° siècle et, de là, gagna le Japon au VI° siècle. S'il ne parvint au Tibet, depuis l'Inde, qu'aux VII°- VIII°siècles, il y deviendra la religion de tout un peuple.

 

A la fois combattu et imité par les restaurateurs de l'hindouisme, Shankara, aux VIII°- IX° siècles et Râmânuja, aux XI° - XII°siècles, le bouddhisme disparut pratiquement de l'Inde avec les invasions musulmanes du XII°siècle.

 

Publié dans Histoire du bouddhisme

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