L'Enseignement de Noel par Lama Yeshe

Publié le par lobsang sonam



Lama Yéshé un soir de Noël des années 70 a rendu les choses bien plus faciles pour les étudiants présents ce jour là au monastère de Kopan et qui avaient un peu l'impression de passer à côté de la fête...


Comme cette semaine marque la sainte naissance de Jésus, je suggère qu'en l’honneur de cet évènement exceptionnel nous célébrions cela à notre manière. Tâchons de donner un sens à cette célébration, sans mettre l'accent sur les sensations physiques qui ne nous apportent que plus de confusion et d'illusions. Pour que les fêtes de Noël soient réussies, elles doivent manifester un sens religieux authentique. Jésus est venu sur cette terre et dispensa ses enseignements, ce dont les êtres matérialistes ne tiennent pas du tout compte. Pour eux, Noël signifie avant tout faire des courses, dépenser de l'argent acheter des cadeaux et engendrer de la confusion. Cette dernière action est entièrement de notre faute. Nous avons le pouvoir de donner aux fêtes de Noël tout leur sens, dans la paix et la vraie religion, mais, au lieu de développer ce pouvoir, nous succombons aux énergies négatives et mondaines.


Quand nous sortons acheter des cadeaux, la plupart du temps nous le faisons sans même avoir un sentiment proche de l'amour.


Nous pensons :

" Il faut absolument que je trouve quelque chose pour ma sœur, sinon elle risque de ne plus m'aimer. Peut-être même qu'elle non plus ne me donnera rien "


ou encore:

" Il vaut mieux que je n'offre pas une bricole à mon ami, car il se pourrait fort que l'an prochain, je n'obtienne rien de bien de sa part ".


Des raisonnements extrêmement négatifs de ce genre, ne mènent à rien d'autre qu'à davantage d'insatisfaction. Ils sont complètement imprégnés de notions égotistes et immatures sur ce qu'est le bonheur authentique ; ils n'ont vraiment rien à voir avec la religion.


La vraie religion procure à l'esprit paix et satisfaction. Les actions qui n'éveillent que de la confusion ne participent d'aucune fonction religieuse ; au contraire, elles proviennent d'un mental politicien qui pense ainsi : " Si je donne ceci, j'obtiendrai cela ".


Un tel esprit est très immature et égoïste : il se réjouit quand il reçoit de nombreux présents et déprime quand ses attentes ne se réalisent pas. Dans ce cas, qu'est-ce qui différencie ce type d'esprit de celui d'un gamin ? Nous croyons être adultes, alors que nos actes et nos comportements montrent que nous sommes peu différents de nos enfants. Ces derniers exagèrent l'importance de recevoir des cadeaux, ce qui est aussi notre attitude. En fait, leurs espoirs excessifs, reflets d'un esprit confus et insatisfait, sont dus en grande partie à ce qu'ils perçoivent de nous.


Si nous agissions de façon positive, en faisant toujours preuve de maturité, nos enfants feraient aux aussi preuve d'un esprit paisible. Il nous arrive de penser qu'ils sont naturellement excités et que nous, nous sommes des gens à part, ce qui n'est pas le cas.

Examinez bien ce point et voyez clairement ce qui se passe à l'approche des vacances. Nous sommes ceux-là mêmes qui créent l'agitation.


Le premier événement notable au début des vacances, est que mari et femme, oncle et tante etc., commencent à se disputer. Vous rendez-vous compte ? Soyez honnêtes en analysant la véracité de mes propos, sans oublier que le plus souvent leurs altercations se font autour de questions matérielles. Cet aspect est particulièrement évident durant la période de Noël. Je n'essaye pas d'être négatif à tout prix, vérifiez seulement tout cela par vous-mêmes et voyez si ce que je dis est vrai ou pas.


Les chamailleries en vacances sont tellement marquées par la jalousie :

" Fais- moi voir ce que tu as eu ? Et lui, qu'a-t-il reçu ? "


Un tel esprit dualiste est totalement submergé par l'égocentrisme et des notions erronées. Des comportements illusionnés, perturbés, de ce genre ne sont pas seulement propres à une culture spécifique, on les retrouve partout. De même, le bouddhisme n'est pas la seule tradition à enseigner qu'il est l'antidote à cette confusion. Toutes les religions s'efforcent de contrer les attitudes confuses, insatisfaisantes, pour nous faire accéder à la paix de l'esprit.

Croire que bonheur et frustration dépendent complètement de possessions et des phénomènes extérieurs est la caractéristique des matérialistes. S'ils n'obtiennent pas assez de glace et de gâteau, ils sont abattus : " Je me sens si vide ! Ce Noël a été un tel bide, ça me tue ! "


C'est vraiment ce qu'ils pensent. Comme pour eux, la réussite ou non d'une fête religieuse dépend totalement d'objets matériels, on les appelle des matérialistes. Ils sont incapables de découvrir la paix et le bonheur en eux-mêmes ; au lieu de cela, ils cherchent des signes d'amour extérieurs, physiques. Qu'ils affirment être plus ou moins engagés dans la spiritualité importe peu, l'esprit de ces gens est littéralement obsédé par le niveau grossier et matériel de la réalité.


Quand, grâce â la sagesse pénétrante, nous examinons le fond des choses, comme nos comportements et notre conduite pendant les fêtes de Noël, nous pratiquons alors un Dharma authentique. Voilà une activité vraiment religieuse.


Etudier le Dharma ne signifie pas de penser à des choses qui apparaîtraient dans le ciel, venues d'un autre monde ; en réalité, cela traite directement de questions telles que notre motivation :

  • que pensons-nous, que ressentons-nous ici, maintenant, au cœur de notre vie quotidienne ?

Si nous n'essayons pas de contrôler et de transformer les états mentaux confus et négatifs que sont, entre autres, la jalousie et la convoitise, nous sommes bien loin du christianisme, du bouddhisme, du mahayana ou de quoi que ce soit qui ait un sens profond. Il est nécessaire de reconnaître nos états mentaux négatifs pour ce qu'ils sont et de commencer tranquillement à trouver une solution aux souffrances qu'ils infligent tant à nous-mêmes qu'aux autres. C'est ainsi que nous pourrons diriger notre esprit vers une réalisation de paix éternelle.

Tant que nous ne faisons rien pour corriger notre motivation et nos façons de penser erronées, Noël n'aura de sens que pour l'ego. Et bien que nous soyons censés honorer la naissance de Jésus, ce que nous faisons est complètement dégénéré.


C'est pourquoi, si vous désirez participer à cette célébration et apporter un cadeau, venir avec un esprit pacifié est le plus beau des cadeaux que vous puissiez faire. Etre capable de faire une telle offrande avec un amour sincère pour les autres est bien suffisant. Il n'est pas nécessaire de s'impliquer dans trop d'activités et de préparatifs matériels...


... Ici, nous avons beaucoup de respect pour Jésus, et comme une grande partie de mes étudiants viennent de pays occidentaux, nous avons décidé de suivre leur tradition en célébrant Noël. Mais nous devons donner tout son sens à cette fête. Depuis notre
naissance jusqu'à ce jour, à combien de fêtes religieuses avons-nous participé ? A chaque fois, quel a été comportement ? De quelle façon ont-elles influencé notre esprit ? Vérifiez en vous. A cause des préoccupations matérialistes ; des problèmes ont souvent jailli, n'est-ce pas ?

Comme quand nous faisons nos courses et que nous ergotons sur le prix de la nourriture et des cadeaux :

" Quel prix avez-vous dit ? C'est trop. Beaucoup trop. N'essayez pas de me rouler. Et blablabia, blablabla... ".


Sans oublier que lors de la fête proprement dite, nous souffrons, entre autres, d'avoir trop mangé et d'espoirs déçus.


C'est ainsi que Noël, ne nous a souvent apporté rien d'autre qu'une certaine confusion. Ne prenez pas mes paroles pour une critique de Noël, j'ai moi-même un grand respect pour Seigneur Jésus.


Ce sont nous, les êtres confus, qui sommes responsables de la confusion de Noël. Jésus a transmis ses enseignements pour nous montrer de quelle façon accéder à la paix. Par respect pour lui, fêter sa naissance devrait aussi se faire dans la paix. Si tel n'était pas le cas, cela montrerait que nous n'avons rien compris à ce qu'il a enseigné.


Nous pourrions penser que manifester un respect sincère, c'est-à-dire célébrer la nativité avec authenticité, dépend de notre investissement dans des préparatifs matériels. Mais seul un esprit très évolué, tout à fait maîtrisé, est capable de s'impliquer sans attachement dans cet aspect matériel extérieur. Les esprits ordinaires sont vite pris par des considérations égoïstes et mesquines...


...Je ne suis pas opposé aux religions. Je les apprécie toutes. Mais, à mon avis, elles se doivent d'être utiles et, pour cela, nous devons nous transformer de l'intérieur. Nous ne devenons pas plus religieux en construisant plus de bâtiments, en portant de beaux habits joliment décorés ou même en fuyant en retraite solitaire. Sans sagesse, toutes ces actions n'ont aucun sens.


La religion de chacun est la sagesse que son esprit a intégrée. C'est cela, et non les signes extérieurs, le véritable critère de la religion. L'art religieux, par exemple, n'est pas la religion. Une représentation de Jésus ou de Bouddha n'est pas la religion. La religion, c'est la compréhension. C'est une question qui relève complètement du domaine intérieur.


C'est pourquoi, si nous voulons donner à cette fête de Noël son véritable sens religieux, il est important de se rappeler qui fut Jésus, ce qu'il fit et ce qu'il représentait. C'est de cette façon que nous pourrons comprendre comment il s'est rendu bénéfique à tant d'êtres et pourquoi il a été une telle force positive, non seulement à son époque mais aussi au cours des deux millénaires écoulés depuis sa naissance. Jésus avait une compassion exceptionnelle.

Analyser ce fait et le considérer très attentivement est très favorable. Si une pensée telle que celle-ci s'élève en vous :

" Je dois obtenir des réalisations similaires aux siennes et devenir aussi compatissant que lui ", vous avez alors développé la base la plus parfaite sur laquelle célébrer sa naissance. Avec un tel sentiment en nos cœurs, les fêtes de Noël peuvent être très significatives et utiles.


Extrait de Silent mind, Holy mind, paru chez Wisdom Publications. Traduction Philippe Penot. Article paru aussi dans Kadam Hiver 2006 – Numéro 33

Publié dans Sagesse du Dharma

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